L’Echo – 09.01.2024

La fronde s’organise autour du nouveau permis de Brussels Airport

4.000 à 5.000 réclamations ont été déposées contre la demande de permis d’environnement de Brussels Airport. Les survolés demandent des réductions d’exploitation.

En Flandre et à Bruxelles, ils avaient jusqu’à ce 8 janvier et ils ont répondu présents. Selon nos informations, entre 4.000 et 5.000 réclamations ont été déposées par rapport à la demande de renouvellement de permis de l’aéroport de Bruxelles national.

Il faut dire que dans le dossier de survol, qui n’a jamais été vraiment réglé pendant des décennies, il y a du nouveau. Depuis quelques années, les organisations de défense des riverains se sont rassemblées en coalition pour éviter les querelles de clocher et parler d’une même voix et en finir avec les réactions du type “pas dans ma cour”.

“Si vous êtes réveillé par un avion à 70 dB plutôt que 80 dB, le résultat est le même : vous êtes quand même réveillé!”

Aujourd’hui, les associations des zones survolées sont donc claires et ont un agenda de revendications commun. Tout d’abord, elles ne veulent pas entendre parler de la volonté de croissance en nombre de mouvements demandée par l’aéroport.

Elles ont participé aux États généraux du ministre Georges Gilkinet sur le survol. Dans les quatre piliers pour diminuer les nuisances, il y a la réduction des bruits à la source.

“Une diminution de 40% du bruit d’un avion en pascals, ne veut pas dire une diminution de 40 décibels. Si vous êtes réveillé par un avion à 70 dB plutôt que 80 dB, le résultat est le même : vous êtes quand même réveillé”, estime ainsi Bertrand Waucquez, bourgmestre de Kraainem et vice-président de l’Union Belge Contre les Nuisances Aériennes (UBCNA), depuis 2016.

Il rappelle que l’isolation des maisons ne peut pas tout résoudre. On pense notamment à l’été, saison durant laquelle on a tendance à ouvrir les fenêtres lors de fortes chaleurs ou durant laquelle on profite de son extérieur. “On nous dit souvent ‘vous le saviez en vous installant ici’, mais on ne savait pas à l’époque, quand on s’est installés, qu’il y avait des poussières fines et ultrafines. On en parle que depuis une dizaine d’années”, ajoute Waucquez.

Enfin, toujours selon lui, les mesures opérationnelles sur la façon d’approcher, atterrir et décoller n’auraient des impacts qu’à la marge sur le bruit.

Limiter les nuisances en limitant les mouvements

Les associations de riverains survolés, comme une série de communes, estiment donc que le seul moyen de vraiment limiter les nuisances est de limiter les opérations à 220.000 mouvements par an (près de 20.000 en moins que ce que demande Brussels Airport), d’établir une zone de basse émission et d‘interdire tout bonnement et simplement les vols de nuit. Hors de question évidemment pour l’aéroport, les entreprises de logistique et même des syndicalistes qui ont levé les boucliers face à ce type de proposition.

La piste 01

Le piste 01 a par exemple encore son ancienne dénomination de 02 dans des documents. Cette piste avec la 07 sont des nœuds importants du problème du survol. Comme l’explique Bertrand Waucquez, les vents du secteur nord-est sont de plus en plus fréquents en raison du changement climatique et comme on atterrit face au vent, il s’agit donc d’utiliser d’autres pistes.

“La demande de construire des sorties de piste rapides [… auraient pour but d’augmenter l’utilisation de la piste 01 à l’atterrissage.”

Pour la 01, les avions survolent ainsi Waterloo où les avions s’alignent en direction de l’aéroport. Cette piste concerne environ 100.000 personnes. L’autre piste qui est de plus en plus utilisée est la 07 et là, on parle 200.000 à 300.000 personnes survolées dans la zone de Laeken.

“La demande de construire des sorties de piste rapides après un atterrissage sur la piste 01 entre les points E5 et E6 en 2027 est contraire aux Arrêts de la Cour d’Appel des 17 mars 2005 et 22 octobre 2020 ainsi qu’au récent jugement du 22 décembre 2023, car ces constructions auraient pour but d’augmenter l’utilisation de la piste 01 à l’atterrissage”, dénonce notamment Philippe Touwaide dans une liste d’une vingtaine de points erronés ou problématiques selon lui.

En tout, entre 4.000 et 5.000 réclamations ont été déposées en Flandre et à Bruxelles. Un chiffre qui aurait été bien plus élevé si l’enquête publique avait été réalisée à l’été, selon Waucquez.

“Si on veut parler business, il faut aussi tenir compte des coûts sur la santé de l’aéroport.”

Il insiste que les associations de riverains ne souhaitent pas “torpiller le business de l’aéroport”, mais que l’aéroport doit “gagner en transparence” et que “si on parle business, il faudrait inclure aussi les coûts sur la santé des activités de l’aéroport”, ajoute-t-il. En clair, que les externalités négatives du business soient aussi prises en compte.

En plus de l’enquête flamande, les communes wallonnes organisent en parallèle leurs propres enquêtes. Celle de Waterloo, par exemple, permet aux citoyens de faire parvenir leurs observations jusqu’au 21 janvier avant de transmettre le tout à la Région wallonne.

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Le résumé

  • La consultation publique flamande sur le nouveau permis d’environnement de Brussels Airport touche à sa fin.

  • Entre 4.000 et 5.000 réclamations ont été enregistrées. Des communes wallonnes collectent encore des réclamations de leur côté.

  • Pour les associations de riverains en coalition, il faut réduire l’activité de l’aéroport et supprimer les vols de nuit.

  • Le médiateur de l’aéroport, Philippe Touwaide a dressé une liste de 20 erreurs et points problématiques selon lui dans la proposition de l’aéroport.